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2) Les sens :

 

Combien possédons-nous de sens, et combien en utilisons-nous dans nos récits ?

Cinq, répondront la plupart, qui sont la vue, l’odorat, le toucher, l’ouïe et le goût. Oui, et comme le dit Bernard Werber, on peut ajouter aux sens physiques les sens psychiques qui sont : l’émotion, l’imagination, l’intuition, la conscience universelle et l’inspiration. « Si on ne vit qu’avec cinq sens physiques, c’est comme si on n’utilisait que les cinq doigts de la main gauche » dit l’écrivain.

Je ne m’étendrais pas sur les sens psychiques, dont parle Werber. Ils font partie de la personnalité de chacun, il vaut mieux les posséder si l’on veut écrire…

Combien de fois ai-je lu des récits construits sur une idée originale, où les six principes de base, mentionné ci-avant, d’une bonne écriture sont respectés, mais qui m’ont laissé au point final une impression d’inachevé simplement parce que l’auteur avait négligé les sens physiques. Certains genres de récits « sans atmosphère » peuvent s’en passer, mais lorsqu’on est débutant, il vaut mieux ne pas les négliger. C’est une bonne habitude. On pense, à cause des impératifs d’une scène, à se servir de la vue et de l’ouïe, ceux-là on les oublie rarement. Mais pensons-nous aux trois autres sens ?

Voici deux exemples :

Exemple 1

« Elle l’entendit venir derrière elle, se retourna. Trop tard, il était déjà là. Il l’enlaça, écrasa ses lèvres sur les siennes. Elle les mordit pour se débarrasser de l’homme. » Ici, on ne comprend pas, s’il n’y a pas eu d’antécédents, pourquoi la femme rejette l’homme.

Introduisons un peu de bons sens : « Derrière elle, un bruit sourd de pas lui parvint. Inquiète, elle se retourna. Trop tard, il était déjà là. Il l’enlaça. Elle sentit le rance de la douzième mauvaise bière qu’il venait d’ingurgiter, tenta de le repousser, mais ses mains glissèrent sur la veste au tissu passé. L’impression d’avoir touché un animal visqueux ajouta à son dégoût. Il écrasa ses lèvres violettes sur les siennes. Elle les mordit pour se débarrasser de l’ignoble ; elles avaient le goût de la pomme pourrie.»

Le bruit sourd des bottes introduit un léger suspens. L’odeur rance de la bière, l’impression de visqueux donnée par le toucher, Les lèvres Violettes, le goût de la pomme pourrie, sont explicites. Le lecteur, et surtout la lectrice si elle n’est pas maso, comprend pourquoi la dame ne veut pas de l’infâme !

Exemple 2

« Elle entendit l’homme venir derrière elle, se retourna. Trop tard, il était déjà là. Il l’enlaça, posa trois petits baisers rapides sur ses lèvres. Elle se laissa aller… »

Ici, le lecteur peut se dire : « elle est facile la donzelle ! »

Si l’on y met quelques sens : « Les chaussures de cuir de l’homme crissaient sur le sol. Elle l’entendit venir derrière elle, se retourna. Trop tard, il était déjà là. Il l’enlaça, son essence virile la grisa. Elle voulu se dégager mais la douceur de sa veste de lin effaça cette intention. Il posa trois petits baisers rapides sur ses lèvres. Elle se laissa aller… la bouche de l’homme avait le goût et la fraîcheur de la papaye. » (N’insistez pas, vous ne saurez pas la suite !)

Ici, l’odeur essence virile, le toucher douceur du lin, le goût de la papaye, feront plutôt penser au lecteur « la vache, il assure le gus ! » Mesdemoiselles, je sais, mon second exemple est un brin macho. Mais vous aimez tellement ça… d’ailleurs, je suis sûr que certaines d’entre vous préfèrent le premier !

Bon, j’y perds le bon sens, je le retrouverai avec Louis dans la prochaine chronique.

 

2.1) L’ouïe

Vous trouverez dans les dictionnaires de synonymes tout ce qui est propre aux différends sons ou bruits. Par contre pour s’en servir et surtout pour qu’ils viennent à l’esprit au moment où vous en avez besoin, il faut d’abord soi-même savoir écouter. Écoutez la pluie, le vent, la mer, la ville… La pluie ne fait pas que floc floc…elle induit d’autres bruits : celui des pneus d’une voiture sur l’asphalte mouillée, des pas dans une flaque, etc. Le vent ne fait pas que siffler… il brasse les feuilles d’automne, fait claquer un volet, etc. La ville ne fait pas qu’un brouhaha, elle… vous avez compris.

Voici un exemple :

« Dehors, la ville s’éveillait. Marie n’en percevait plus les bruits. Les sollicitations prolongées des démarreurs des moteurs mal réglés ; le claquement des portières ; le roulement des pneus sur l’asphalte ; le dévalement des attardés dans l’escalier ; les cris des enfants ; le grincement du rideau métallique du boucher, les cent bruits de son quartier auxquels s’ajoutaient ceux des autres, ces milliers de vibrations qui s’élèvent et constituent le fond sonore de la ville, témoignent de sa vie et font son âme, Marie ne les entendait pas. Elle dormait. »

Pensez aussi à :

La source des bruits (machines, animaux, eau, vent, etc.) ;

Définir les bruits faibles (murmurer, bruisser, chuchoter, etc.) ;

Définir les bruits forts (tonner, gronder, tintamarre, etc.) ;

Dire l’évolution des bruits (naissent, montent, se répercute, etc.) ;

Donner leurs qualités (aigu, grave, cristallin, etc.).

Puisqu’on est dans l’écoute, savoir tout écouter est important :

Les banalités telles que « Les matins d’hiver sont froids ! » ; « En décembre les nuits sont courtes ! » etc. Enregistrer ces truismes dans la vie courante vous évitera dans les commettre dans vos textes.

Enregistrez aussi les petites phrases rigolotes, les jeux de mots que vous entendez ici et là.

Dans « Beau, beau… et pas con à la fois ! », j’écris par exemple : « il n’a pas inventé la poudre, ou alors elle lui a pétée à la gueule ! » et encore « il n’y va pas de main morte avec le dos de la cuillère ! » Au risque de vous décevoir, ce n’est pas de moi, j’ai entendu ça quelque part. Pas dans un bar, je ne fréquente pas ce genre d’endroit… Quoi que…

L’oreille a un rôle important dans l’écriture. « Quand j’écris, j’écoute. J’écoute chaque mot. Et quand je lis, c’est pareil. Tout ce que je lis, je l’entends. » (Nathalie Sarraute). Comme elle avait raison la dame ! Il y a des textes harmonieux et d’autres qui arrachent les oreilles. L’harmonie d’un texte (points 4 des 6 principes fondamentaux), est pour beaucoup dans le rythme et les sonorités. Si vous ne voulez pas courir le risque de voir votre époux ou votre copine se barrer en courant, lisez votre texte intérieurement en le jouant comme un comédien. Mais si tel Flaubert vous avez à votre disposition un gueuloir, n’hésitez pas, lisez-le à voix haute. Cet exercice permet de repérer : les cacophonies, les liaisons qui font saigner l’oreille, les dissonances, et… la mauvaise (ou l’absence de) ponctuation.

Ah… la ponctuation ! Pour corriger, parfois, j’ai eu besoin d’un masque à oxygène. Au pire, si vous n’êtes pas certain des règles grammaticales de la ponctuation, placez vos virgules en fonction du souffle. Pour le rythme, alternez des séquences courtes avec des plus longues. Et puis, évitez les tirets et les parenthèses. Ce sont des casseurs de rythme. Ils n’ont pas leur place dans la bonne littérature. Les tirets, parfois, d’accord, mais modérément. Mais les parenthèses… laissez cela aux journalistes, aux chroniqueurs, où à ceux qui sont suffisamment cossards pour ne pas chercher la tournure qui va bien ! Là encore, votre rythme sera meilleur si vous jetez vos idées sur le papier, parce que vous le ferez avec fluidité, sans vous interrompre pour je ne sais quelle cause informatique. C’est de cette façon que viendra naturellement votre style personnel.

 

2.2) La vue

Savoir voir (voici volontairement une belle cacophonie !), disons plutôt savoir observer. Notre regard, blasé par le quotidien, perd cette qualité au fil de l’âge. Là encore, il faut conserver son étonnement d’enfant, parce que bien retenir ce qui nous entoure nourrit l’imagination. L’auteur doit être curieux de tout, c’est indispensable. La curiosité dope l’imagination.

Personnellement, je dois m’entraîner pour réapprendre à observer. Par exemple, lorsque je suis assis peinard à la terrasse d’un café, devant un verre de lait, je ne regarde passer que les femmes âgées. Ainsi, n’étant pas attiré par leur anatomie, je détaille la façon dont elles sont vêtues. Et quelques temps plus tard, je tente sur le papier de décrire les braves dames. C’est un bon exercice, essayez-le. Personnellement, c’est au-dessus de mes forces et, hormis le fait que c’est vraiment un excellent exercice, il n’y a rien de vrai dans ce que vous venez de lire. Il est vrai qu’on n’a pas l’habitude de regarder loin, en haut, en bas, d’en haut, de très près. Et pourtant c’est indispensable pour les descriptions. On peut voir des : formes, ombres, mouvements, éclats, couleurs, dimensions, états, dispositions, etc.

 

2.3) Le goût

Hormis dans les livres de cuisine, c’est probablement le sens le moins utilisé en littérature. On peut utiliser les saveurs fondamentales : sucré, salé, amer, acide. Et les qualités : âpre, piquant, épicé, velouté, croquant, etc.

2.4) Le toucher

On peut utiliser les qualificatifs du chaud (brûlant, bouillant, tiède, etc.), du froid (glacé, gelé, frais, etc.) de l’agréable (soyeux, satiné, lisse, doux, etc.), du désagréable (râpeux, gluant, visqueux, etc.).

Dans quelles circonstances utiliser les sens ? Quand on est en panne. Et bien c’est exactement ça ! Dans une description par exemple.

 

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