Le style (suite 3)

Tenter de sortir d’un style académique est une marque de la personnalité de l’auteur, mais je crois cependant que certaines règles sont à conserver. Pourtant, l’utilisation des figures de styles est à utiliser avec parcimonie et surtout à bon escient. Car le premier homme qui a comparé une femme à une rose est un génie. Le second un imbécile ! (Zeugme).

Non Toto, Zeugme n’est pas le nom de l’auteur de cette déclaration, mais celui de sa figure de style !

On fait parfois des figures de style involontairement. Un peu comme monsieur Jourdain, etc. et c’est probablement les meilleures. Alors, créez-les. Car vous pouvez écrire, par exemple, au hasard : « Daniel est un ours », bon je n’ai pas l’apparence d’un plantigrade, ça laisse donc supposer que je suis solitaire et sauvage ! Même si c’est vrai et que vous écrivez ça, excusez-moi, c’est une expression galvaudée, et ce n’est pas comme cela que vous allez améliorer votre style ! Et toc ! Et si, après vous être creusé une plombe le cigare vous écrivez : « Daniel est un vieux lion perclus de rhumatismes », ben… ce n’est pas beaucoup mieux ! Par contre, avec ceci : « Daniel chasserait Diogène de son tonneau pour prendre sa place ! » vous avez fait comprendre plus élégamment la même chose par une des figures de style les plus connues : la métaphore.

Pour ceux qui aiment les petites piquouses de rappel, voici les figures de style les plus courantes. Je ne donnerai pas toutes les définitions, cliquez sur « dictionnaire » dans vos favoris !

Quatre familles de figures

 

a) Les figures de son :

- L’allitération, répétition de la même consonne.

« Pour qui Sont ces Serpents qui Sifflent sur nos têtes »

- L’assonance, répétition de la même voyelle.

« Les sanglots longs des violons de l’automne bercent mon cœur d’une langueur monotone »

- La rime, je passe.

- La paronomase, deux mots voisins rassemblés.

« Qui vivra, verra »

- L’élision, je passe.

-L’antanaclase, « Cinq gars pour Singapour » (Jean Bruce)

 

b) Les figures de mots :

Elles comprennent les métaphores et les métonymies.

Les métaphores ou images par ressemblance

- La comparaison : Daniel est sauvage comme un ours.

- La métaphore : Daniel est un ours (l’idée de sauvagerie n’est plus que sous-entendue).

- L’allégorie : métaphore amplifiée, « Un phénix » pour celui qui est unique en son genre.

- La catachrèse : Le bec d’une plume, le nez de l’avion.

 

Comme Audiard, vous pouvez faire dans la nuance :

« Attention ! J’ai le glaive vengeur et le bras séculier ! L’aigle va fondre sur la vieille buse !

- Un peu chouette comme métaphore, non ?

- C’est pas une métaphore, c’est une périphrase.

- Fais pas chier !

- Ça c’est une métaphore. »

 

Les métonymies ou images par relation de proximité

- une partie pour un tout : « une voile » pour un bateau.

- le contenu pour le contenant : « boire un verre ».

- la cause pour l’effet : « la plume » d’un écrivain (pour son écriture).

Il y en a d’autres, cherchez « la matière pour l’objet », « la région pour le produit », etc.

 

Les figures syntaxiques

Elles modifient la phrase.

- L’ellipse. Suppression volontaire d’un mot : « Soudain, le ballon en l’air ». Le verbe « fut projeté » a disparu pour rendre l’événement plus soudain.

- Le zeugme est une double ellipse. On ne répète pas dans le second membre de la phrase les mots déjà cités. « Demain, je lirai le numéro 2, après demain le numéro 3 » (« je lirai » non répété).

- L’oxymore. Deux mots incompatibles, voire opposés, accolés. « Cette obscure clarté », « cette petite grande âme », etc.

- L’inversion. « Restait la formidable puissance de frappe de Goliath ». Verbe placé en tête à effet d’insistance.

- L’énumération.

Ascendante : « Choisis, lis, apprécie et commente ma nouvelle ».

Descendante : « Mon inspiration pâlit, s’étiole et meurt ».

- La périphrase. Remplace un mot par un groupe de mots. « Ses cheveux étaient drus, longs et ne lui appartenaient pas » pour « Elle portait une perruque », par exemple.

 

Les figures de pensée

Elles portent sur la pensée elle-même avant toute matérialisation en mots précis.

Minoratives :

- La litote. Dire peu pour exprimer beaucoup : « Daniel, je ne te hais point » pour dire : « Je t’aime, je t’adore, la vie sans toi ne vaut pas tripette, tu es le phare de mes errances littéraires, etc. »

- L’euphémisme. Remplace un mot trop direct par un plus doux : « Cette chronique n’est pas passionnante » pour dire « cette chronique est vraiment assommante ! »

Figures exagératrices :

- L’hyperbole. Exagération de la pensée outrepassant la réalité : « Le tapis était couverte du sang des correcteurs ».

- l’antiphrase ou l’ironie. Dire blanc pour laisser entendre noir (ou l’inverse) : « Qu’il est sympa ce Daniel ! » à l’adresse d’un commentateur odieux. « Simple supposition de ma part, il ne saurait y en avoir ici ! » (Ironie).

La répétition ou insistance : « je l’ai vu, de mes yeux vu, vu ce qui s’appelle vu » (Molière).

 

Je me permets de dire à nouveau que ces figures sont canons quand elles sont nouvelles, mais sont le bide assuré quand elles sont usées. Ne répétez pas, inventez !

Pour conclure avec le style, il ne suffit pas de savoir manipuler ce que nous avons vu précédemment pour en avoir un. Ce serait trop simple et… pas drôle.

 

La technique ne construit que l’apparence de l’écriture, l’expérience en fait le fond. Comme eut dit le bon monsieur De Lapalisse, ou l’excellent Pierre Dac : « pour dire quelque chose, il faut avoir quelque chose à dire. »

 

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