Le style (suite 1)

 

Ah ! Ah ! Mes petits agneaux… on continue à ramer pour améliorer son style ?

 

Pour s’échauffer gentiment avant d’entreprendre l’ascension, je vous livre un gentil et amusant commentaire qu’on me fit sur la rubrique précédente :

« C'est assez étonnant de surprise comme ça en jette avec propulsion ta rubrique de forum sur la classe du style de la façon d'écrire les choses pour qu'elles soient lues ?! »

C’est stupéfiant d’ébahissement, non ? Qu’en pensez-vous ?

Bon, fini la récré, on attaque le travail de la syntaxe par la face nord ! Allez, on plante quelques pitons…

 

1er piton) Varier les tournures

C’est quoi un style plat ? Un style qui nous gonfle, si l’ordre normatif « sujet, verbe, complément » se répète à longueur de page. Pour rompre la monotonie, on peut « tourner la phrase », soit la mettre dans un autre sens en plaçant en tête le verbe ou un complément. Cela présente deux autres avantages :

a) Nommer ce qui frappe en premier.

b) Placer en tête le mot que l’on désire mettre en valeur pour renforcer une idée-clé.

Exemple pour a)

« Voici David, fuis-le ! » et non pas « Fuis David ! », car on voit David avant de prévenir Goliath de le fuir.

Exemple pour b)

Complément de lieu en tête : Au loin, grondait David.

Complément de temps en tête : Hier matin, David est venu chez Goliath.

Adjectif en tête : Brutal, David mit un pain à Goliath.

Complément de (bonne) manière en tête : Très doucement, Goliath le rendit à David.

Verbe en tête : Restait la formidable force de frappe de Goliath.

Et puis il y a les présentatifs… kek ksé s’te bête ? Ce sont les petits mots (les érudits les nomment explétifs) qu’on peut théoriquement supprimer. Mais, mais, mais qu’on aurait bien tort de se passer chaque fois qu’on veut insister sur une idée. Ah que oui ! Il s’agit des adjectifs démonstratifs et d’expressions telles que : il y a, voici, voilà, tel, etc.

Exemples pour cette phrase aussi plate que les seins de Jane : « il me reste à faire trois commentaires ».

Trois commentaires, c’est le travail qu’il me reste à faire.

Trois commentaires, voilà le travail qu’il me reste à faire.

Trois commentaires, tel est le travail qu’il me reste à faire.

Voilà le travail qu’il me reste à faire : trois commentaires.

Tel est le travail qu’il me reste à faire : trois commentaires.

Etc.

À consommer sans modération pour mettre de la vivacité dans vos textes.

 

2ème piton) mettre la subordonnée en tête

L’ordre habituel de la phrase complexe est : proposition principale + proposition subordonnée.

On peut renverser cet ordre pour les mêmes effets que ci-avant pour la phrase simple, à savoir :

- mettre l’idée-clé en tête,

- varier le style,

- respecter l’ordre naturel.

Exemples :

« Je n’ai pas lu cette nouvelle, parce que je hais son auteur. »

Meilleure tournure :

« Parce que je hais son auteur, je n’ai pas lu cette nouvelle. » (Je haïssais l’auteur avant d’envisager de lire sa nouvelle).

«C’est parce que je hais son auteur, que je n’aie pas lu cette nouvelle. » (Ajout d’un présentatif pour renforcer).

« Je hais cet auteur : voilà pourquoi je ne lis pas cette nouvelle. » (Ajout d’un présentatif pour souligner la cause).

 

Deux trucs :

Éviter de dire, « Le coupable est Goliath et non David. »

Il est bon de terminer par l’affirmation. « Le coupable n’est pas David, mais Goliath. »

 

Rappelez-vous aussi des phrases prédictives. On en a parlé dans « la lisibilité ».

Exemple :

« David vit Goliath après avoir ouvert la porte et allumé la lumière. »

Évidemment, aucun d’entre nous n’oserait présenter les choses dans ce sens, non… c’est un exemple basique pour montrer qu’il faut toujours tenir le lecteur par le suspens : « David ouvrit la porte… il alluma la lumière, Goliath était là ! »

 

3ème piton) Alléger la subordonnée par une expression

Le nombre et la longueur des propositions subordonnées allongent et alourdissent souvent les phrases. On peut alléger, sans changer l’idée, en supprimant le second verbe.

« Ayant appuyé lourdement sur la poignée, David ouvrit la porte. » D’une main lourde, David ouvrit la porte.

« Il traversa la rue pour avoir de l’ombre » Il traversa la rue vers l’ombre.

« Julie, qui était une enfant précoce, savait voler à six mois. » Enfant précoce, Julie savait voler à six mois.

« Si vous avez un peu de chance, votre nouvelle sera acceptée. » Avec un peu de chance, votre nouvelle sera acceptée.

 

4ème piton) Varier la tournure des verbes

La plupart du temps, on utilise le verbe à l’indicatif de manière affirmative dans une phrase déclarative.

On peut varier le mode d’énonciation. Plutôt que le mode déclaratif, on peut utiliser les modes : exclamatif, interrogatif, impératif, exhortatif.

Exemples

Déclaratif : Philippe fait le pitre.

Exclamatif : Philippe, fait-il le pitre !

Interrogatif : Philippe fait-il le pitre ?

Impératif : Philippe, fais le pitre !

Exhortatif : Puisses-tu faire le pitre, Philippe !

 

On peut aussi varier le mode grammatical.

L’indicatif est le mode de la réalité objective.

Les autres modes expriment la subjectivité : virtualité, désir, volonté de celui qui parle.

Le subjonctif exprime une idée qui est subordonnée à la première exprimée dans la proposition principale : « je voudrais que vienne le jour (où j’aurai un bon style). » la venue de ce jour (alléluia !) est subordonnée à mon désir.

Le conditionnel subordonne l’idée à une condition : « je viendrais s’il faisait beau. »

Et il y a aussi :

Le participe qui transforme le verbe en une sorte d’adjectif : « Irrité, il grommelait. » « Cahotant, la charrette avançait. »

L’infinitif, qui transforme le verbe en une sorte de nom : « il lui donna le vivre et le couvert. » (La nourriture et l’abri).

 

Si vous avez aimé cette page, dites-le en cliquant sur f J'aime.

Merci pour votre visite.