Vous qui appréciez ces rubriques, ayez la gentillesse de m’indiquer votre origine, pour quelle application vous consultez ces conseils d’écriture (scolaire, écriture d’un roman, autres), ce que cela vous apporte, etc. 

Merci de m’accorder une minute de votre temps en m'exprimant cela par l’onglet « contact. » 

 

Voici un exemple de description :

Ce soir de février, le vent de sud-ouest se ruait en rafales sur le coteau de Guérande. Pelotonnée derrière ses hauts remparts, la cité intramuros se reposait avant le tumulte de la saison estivale. 

À quelques pas de la collégiale Saint-Aubin, dans son hôtel particulier ancestral de la rue du Tricot, Agathe de Villepreux devisait avec son amie Germaine Lethiec. 

Le linteau et les piédroits en pierre taillée de la cheminée dénonçaient les deux siècles d’âge de la pièce. Les tentures, les tapis et les meubles, bien qu’assez récents, ne parvenaient pas à atténuer l’austérité du lieu. L’éclairage jaunâtre d’un candélabre, allié à la lumière vivante du feu, donnait un caractère intimiste et feutré au grand salon, dont la majeure partie s’évanouissait dans l’ombre. Assises confortablement dans de vieux fauteuils anglais en acajou, le regard hypnotisé par la danse folle des flammes qui animaient les quinze hermines héraldiques ornant la plaque de fonte noire, les deux femmes causaient en buvant du thé. Si l’intonation trahissait une affection mutuelle, l’élocution et le vocabulaire laissaient paraître une différence de niveau social. Sur le ton serein que confère l’âge, Agathe de Villepreux animait la conversation : 

– Que penses-tu du sort de ces malheureux Haïtiens ?

 

Si cet exemple vous a plu, vous pouvez le retrouver ici

 

3) La description (De décors, de paysages)

 

Quand on débute dans cet art difficile mais combien passionnant, on a tendance à décrire comme ceci : (L’auteur décrit la chambre d’une maison de retraite.)

« Il était dans sa chambre. Je frappai et il me dit d’entrer. La chambre était petite mais agréable. Il y avait la télévision, une grande bibliothèque près de la fenêtre, un lit et une petite table de chevet sur laquelle il avait mis la photo de sa femme et celle de son fils. »

L’essentiel y est. Même si auparavant, l’auteur a précisé qu’il rend visite à un être cher, dont la santé est déclinante, dans une maison de retraite, il n’apprend pas grand-chose de plus au lecteur que ce à quoi on peut s’attendre à voir dans une telle chambre. La description n’est donc pas justifiée.

Si, par exemple, on transforme la description comme ceci :

« L’angoisse me saisit devant la porte de la chambre, je n’osai la pousser. Dans quel état allai-je le trouver ? L’inquiétude chassa l’anxiété, j’entrai. Je refermai la porte derrière moi pour le préserver des bruits du couloir. Immédiatement, l’odeur âcre de la dégénérescence finale m’alerta. On avait baissé un peu le volet. La pénombre rendait plus triste encore cette chambre médicalisée. Une bibliothèque, un fauteuil en cuir, les photos de son épouse et de son fils dressées sur la table de chevet, témoignaient encore de la vie. Pour combien de temps ? »

Là, le lecteur vit l’inquiétude du visiteur. Il sent l’odeur de la mort proche, entend les bruits caractéristiques d’un tel établissement. Il voit aussi la chambre sans que l’auteur ne l’ait vraiment décrite.

Donc, la première question à se poser est : à quoi sert cette description ? À quoi est-elle utile dans mon histoire ?

Un autre exemple d’une description terne, sans atmosphère :

« Le lieu était misérable et sale. La façade de l’immeuble était lézardée, les marches de bois de l’escalier usées, le lit creux, la table de nuit bancale, le lavabo jauni, la glace terne. Une ampoule, coiffée d’un abat-jour, pendait à un fil. Je n’avais pas prêté attention à cela, je n’avais pas vu cette misère, seule Mado m’importait. »

La même, en intégrant les pensées du personnage et l’atmosphère du lieu :

« Je n’avais pas remarqué, alors, la misère crasseuse de l’endroit. La façade sale et lézardée de l’immeuble ; l’escalier aux marches incertaines craquant sous mes pas ; le lit, creusé par mille étreintes sans amour ; la table de nuit triste de nudité ; le lavabo jauni, sa glace au tain passé par les yeux sans joie des filles ; l’ampoule, pendue à son fil, coiffée d’un abat-jour couleur chiure de mouches… Ce jour-là, tout cela, je ne l’avais pas vu. Plus que l’odeur âcre de la pauvreté, j’avais senti le parfum capiteux de Mado. »

Ici, le lecteur ressent la misérable et triste laideur de la chambre d’hôtel de passe. L’auteur raconte plus qu’il ne décrit. Il fait vivre sa description par le passé de certains objets, par l’ouïe (les marches craquant sous mes pas) et par les odeurs (l’odeur âcre de la pauvreté, le parfum capiteux).

Cette description est justifiée par les points suivants :

a) Elle montre, par ses détails caractéristiques, que le narrateur est déjà venu en ce lieu puisqu’il affirme : « Ce jour-là, tout cela, je ne l’avais pas vu. »

b) Elle indique au lecteur que le narrateur, subjugué par la femme qu’il désire, n’avait pas remarqué la misère lors des visites précédentes.

c) Elle imprime dans l’esprit du lecteur un environnement de pauvreté utile à la suite du récit.

D’une façon générale, pour une description statique, prenons l’exemple d’une maison, il faut commencer par situer l’objet dans son décor, continuer par une analyse qui décompose l’objet en ses différents constituants (murs, toits, fenêtres, etc.), puis terminer en approfondissant l’impression du début et préparer l’enchaînement avec le reste de l’histoire (pour que la description serve à quelque chose).

Mais préférez les descriptions par scènes d’action et dialogues. C’est difficile, d’accord, mais vivant et jouissif à écrire !

 

Mais point trop n’en faut ! La surabondance de descriptions ennuie le lecteur. De bons dialogues, qui sonnent vrai, plaisent d’avantage, c’est un fait avéré. Lorsque je choisis un livre, s’il n’est écrit que de longs paragraphes bien serrés, il faudra que la 4ème de couverture soit très convaincante pour que je ne le repose pas sur le présentoir. Si mon avis n’est pas suffisant, demandez à votre libraire !

Souvent, on a tendance à garder la parole en faisant tout dire par le narrateur : ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il dit, ce qu’il pense. Ainsi, le lecteur n’a qu’un seul point de vue. La multiplication des points de vue par des personnages différents ajoute de l’attrait au récit. De plus, ils aèrent le texte s’ils sont sous forme de dialogues matérialisés par des tirets à la ligne.

Exemple :

« Les enfants, quels sont les trois principaux genres littéraires ?

- Le Lyrique ?

- Bien Pattie ! Le lyrique, dans lequel le romancier-narrateur garde égoïstement la parole.

- Oui m’sieur, j’ajouterais que dans le lyrique il y a la poésie, mais pas que…

- Oui, bon ça va, on ne va pas s’étendre !

- Oh si m’sieur ! Je veux bien m’étendre sur le sujet…

- Dehors Pattie ! Qui peut me donner un deuxième genre ?

- Le théâtre…

- Bravo André ! Le théâtre, qui n’est composé que de dialogues.

- Oui m’sieur, mais dans le dialogue théâtral la ponctuation à une importance capit…

- Ce n’est pas le sujet André ! Dehors !!!

- Quel est le troisième genre ? Personne ne sait ? Pat ?

- Le roman, m’sieur…

- Quand même ! Mademoiselle Pat se réveille ! Oui, la nouvelle et le roman qui sont un genre mixte, constitué de descriptions et de dialogues.

- J’aime bien la mixité, m’sieur. Si vous voyez ce que je veux dire…

- Petite perverse ! Dehors !!! »

 

Un récit est constitué de descriptions et de dialogues. Il faut des descriptions pour situer les actions, d’accord, mais elles ne sont pas naturelles. Il n’y a pas de description dans la vie courante, par contre, il y a énormément de dialogues.

 

 

Si vous avez aimé cette page, dites-le en cliquant sur f J'aime.

Merci pour votre visite.